Cahier de texte de …
M119-AUTOPSIE
de Hermine Yollo [Cameroun]
inspiré de Misterioso-119 de Koffi Kwahulé
Bienvenue dans notre prison pour femmes, aurait pu dire Mère Supérieure. A moins que vous soyez animatrice d’atelier théâtre. Il y a ici comme un trou noir qui les absorbe toutes les unes après les autres. Est-ce parce qu’une des pensionnaires joue inlassablement Misterioso de Thelonious Monk dans l’auditorium ? Ou ces disparitions ont-elles à voir avec l’histoire de cette prison qui fut abbaye, arène de combat, château de roi, lieu prétendument dédié à l’exorcisme alors qu’il était le théâtre d’avortements sur « de jeunes nonnes qui avaient succombé aux tentations du Malin » ?
M-119 Autopsie d’Hermine Yollo est une suite/réponse à la pièce Misterioso-119 de Koffi Kwahulé. L’autrice reprend le cadre de la prison pour femmes de la pièce originelle et y déploie une variation dramaturgique haletante. Hermine Yollo nous plonge dans un labyrinthe énonciatif où le sens requiert l’attention aigüe du spectateur face à une polyphonie jubilatoire et inquiétante. Comme dans le jazz cher à Kwahulé, un thème est donné, celui de l’enquête ; le swing se lira dans la vélocité des protagonistes.
EXTRAIT
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QU’EST CE QUI A MOTIVÉ / PROVOQUÉ / SUSCITÉ L’ÉCRITURE DE CE TEXTE ?
« C’est le texte Misterioso-119 de Koffi Kwahulé, précisément trois éléments dans cette œuvre :
– Le violoncelle qui joue sans arrêt dans l’auditorium 119 : « personne ne pourrait jouer sans arrêt d’un instrument. N’importe qui aurait besoin de s’arrêter, ne serait-ce que pour faire quelques pas, pour dormir, pour manger. Or le violoncelle joue à toute heure, de jour comme de nuit ».
– La Mère supérieure qui ne réagit jamais par rapport à cela, alors qu’elle semble être sévère : « soit elle sait ce qui se passe et est complice volontaire, soit elle sait ce qui se passe et n’y peut rien et donc est complice involontaire, soit elle est à l’origine de ce qui fait jouer ce même morceau inlassablement et donc elle est manipulatrice et tortionnaire… ».
– L’intervenante artistique qui, comme d’autres intervenantes avant elle, disparaît dans cet endroit sans laisser de trace. Sauf une dont on a trouvé le corps tombé du septième étage : « toutes ces disparitions ça fait beaucoup pour ne pas conduire à une réelle enquête sur ces événements… ».
En travaillant à des hypothèses d’analyse des situations vécues dans cette pièce – comme un enquêteur mène son enquête pour comprendre ce qui s’est passé, pourquoi cela s’est passé et surtout quelles en seraient les conséquences – l’idée m’est venue de faire de mes élucubrations, de mes réflexions, de mes suppositions le ferment qui alimenterait une fiction née de cette fiction première.
Cette nouvelle fiction serait un dérivé ou un avatar de Misterioso-119. Comme un univers parallèle ou comme un spin-off – pour emprunter à l’univers des séries télévisées et films – de Misterioso-119 de Koffi Kwahulé. Une œuvre fictive qui résulte premièrement de l’appréciation que j’ai pour cette œuvre éclatante d’un auteur que j’admire et deuxièmement, de mes envies d’écriture dramatique. » Hermine Yollo
LA VIE DU TEXTE
M119-Autopsie est une sélection 2020 du comité de lecture de Troisième bureau. La pièce a vu le jour lors d’une résidence d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, Centre national des écritures du spectacle. Elle a été nominée au prix RFI en 2019.
BIOGRAPHIE
Plongée dans le théâtre depuis l’enfance, Hermine Yollo fait sa formation de comédienne entre 2000 et 2008 par divers stages et ateliers, sous la direction de metteurs en scène camerounais et étrangers. En 2012, par un concours de circonstances, elle tombe dans la mise en scène. Elle travaille avec des metteurs en scène au Cameroun et à l’international ; et participe également à des stages et festivals internationaux. En 2018, elle entame son parcours de comédienne-metteure en scène qui écrit avec les résidences d’écriture le « Camaroes » à Yaoundé et de « Coaching d’auteurs » à Conakry. Elle mène sa carrière tout en assurant depuis 2009 la direction artistique de la Compagnie NGOTI.
BIBLIOGRAPHIE
– Carré rouge, 2004 (inédit / participation au Prix du Jeune Écrivain Francophone 2004)
– Trônes vides, 2008 (inédit / participation au Prix du Jeune Écrivain Francophone 2008)
– La Femme-Iset, 2017 (inédit)
– On ne braque pas le Père Noël !, 2018 (inédit)
– La nuit suffit…, 2018 (inédit)
– Un piège sans fin, 2018 / adaptation du roman éponyme de Bhêly-Quenum (écriture de commande – inédit)
– Fil(e) d’attentes, 2020 paru aux éditions Le Jeune Auteur (premier trimestre 2020) / Ce texte a bénéficié de la résidence d’écriture Le Camaroes de Yaoundé, organisée par l’association Le Jeune auteur.
– M-119 Autopsie, inspiré de Misterioso-119 de Koffi Kwahulé, 2019 (inédit) / Réalisé dans le cadre des résidences de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon – programme Odyssée, ACCR (novembre-décembre 2018). Ce texte a bénéficié de la Résidence de coaching d’auteur de Conakry, organisée par l’Univers des Mots en 2018.
SES 3 COUPS DE CŒUR LITTÉRAIRES
– Acteur de l’écriture de Dieudonné Niangouna, Les Solitaires Intempestifs, 2013
– I Am Not Your Negro de James Baldwin & Raoul Peck, Robert Laffont / Velvet Film, 2017
– Bushido, The Soul of Japan de Inazo Nitobe (version numérique)