Davide Carnevali (Italie)
Né à Milan en 1981, Davide Carnevali vit et travaille entre Buenos Aires, Berlin et Barcelone, où il fait actuellement une thèse en Théorie du Théâtre à l’Universitat Autònom, tout en suivant un cursus à l’Université Freie de Berlin. Il est également traducteur du catalan et du castillan, et éditeur pour Ubulibri, où il s’occupe de dramaturgie espagnole, catalane et latino-américaine. Il est membre du conseil de rédaction de la revue espagnole “Pausa” et écrit pour différentes revues italiennes telles que “Hystrio” et “Stratagemmi”. Il organise aussi des séminaires d’écriture théâtrale et de théorie du théâtre. En tant que dramaturge, il s’est formé en Italie avec Laura Curino, et en Espagne à La Sala Beckett de Barcelone. Variazioni sul modello di Kraepelin a été primé en 2009 par le Premio Riccione pour le théâtre et par le Theatertreffen de Berlin. Son texte Come fu che in Italia scoppiò la rivoluzione ma nessuno se ne accorse a reçu le Prix Scintille du Théâtre d’Asti 2010 et le Prix Borrello de la nouvelle dramaturgie 2011. Son dernier texte, Sweet Home Europa, a été présenté au Festival International de Littérature de Berlin. Ses œuvres ont été représentées dans différents festivals internationaux et sont traduites en allemand, français, espagnol, catalan, anglais, estonien.
Sweet Home Europa – 2011
Traduit de l’italien par Caroline Michel pour Regards croisés (2012)
Avec le soutien de la Maison Antoine VItez
Personnes :
Un homme, plusieurs hommes.
Une femme, plusieurs femmes.
Un autre homme, et son père, son grand-père, son arrière-grand-père. Un fils.
Tous les hommes et toutes les femmes se ressemblent un peu.
Un homme et une femme vivaient dans une grande maison avec un grand jardin, plein de fleurs et de plantes. Le ciel était bleu, le soleil brillait et les moineaux piaillaient gaiement. L’homme et la femme étaient contents, ils ne faisaient rien de tout le jour et ils n’avaient même pas à faire la cuisine, parce que la terre donnait spontanément ses fruits. Ils prenaient la vie comme elle venait et n’avaient pas de grandes préoccupations. Un jour un autre homme arriva et dit à l’homme et à la femme que cette maison n’était pas adaptée à eux, parce qu’ils n’étaient que deux et qu’est-ce qu’ils pouvaient bien faire dans une maison aussi grande puisqu’en plus ils n’avaient pas d’enfants ? L’homme et la femme furent moralement contraints de s’en aller. Au-delà du jardin, il y avait le désert, le soleil brillait même trop, la terre était sèche et ne donnait aucun fruit, pas même la moindre boîte de conserve, seuls des épines et des chardons. Au-dessus de leurs têtes volaient des rapaces, probablement saprophages. L’homme et la femme durent se mettre un peu à la diète, mais ils se multiplièrent quand même. Et ils continuèrent à perpétuer la diète de père en fils, et de fils en fils. L’autre en revanche vit encore dans le jardin.
Pedro Eiras (Portugal)
Pedro Eiras est né à Porto en 1975. Il est professeur de littérature portugaise à l’Université des Lettres de Porto. Depuis 2001, il publie des pièces de théâtre, des fictions, de la poésie, de nombreux essais sur la littérature contemporaine. Ses pièces ont été traduites, lues ou mises en scène dans plusieurs pays : Belgique, Brésil, Bulgarie, Cap-Vert, Espagne, France, Grèce, Portugal, Slovaquie, Roumanie. Deux de ses pièces sont traduites en français – Une Lettre à Cassandre et Une forte odeur de pomme. Cette dernière a connu une mise en espace à La Mousson d’Eté, puis une mise en ondes sur France Culture, sous la direction de Claude Guerre. Elle est publiée en France aux Solitaires Intempestifs. Une Lettre à Cassandre sera mise en scène en Belgique en 2013.
Une forte odeur de pomme – 2003
Traduit du portugais par Alexandra Moreira da Silva
avec le soutien de la Maison Antoine Vitez (2004)
Éditions Les Solitaires Intempestifs, 2005
Un salon, meublé disons bourgeoisement mais sans étalage, avec au mur une reproduction bon marché de la Cène de Léonard de Vinci – cependant il est manifeste que le cadre est cher.
Ils sont treize, – père, mère, oncle, tante, frère, sœur, cousin, ami(e)s – à être réunis pour un dîner à la demande d’Elie, le fils, jeune dramaturge. Une soirée où l’on cause de tout et de rien, de son travail, des progrès du petit-fils… Une soirée de plus où des paroles s’échangent, banales ou incisives, dévoilant parfois blessures ou rancœurs, des paroles chargées de l’ennui et de la vacuité d’existences se voulant heureuses mais qui paraissent contrariées. Jusqu’à l’annonce par Elie d’une surprise… insolite.
Dix ans après sa parution au Portugal, le texte de Pedro Eiras semble avoir été écrit aujourd’hui, dans une Europe au bord du vide.
Je suis fatiguée d’être mère et épouse, d’être une femme et d’avoir un certain âge, de faire semblant, de faire semblant que je fais semblant, sans avoir un seul mot vrai à vous dire, un seul, je suis écrasée par ces murs plein de meubles, plein de bibelots, par ces vêtements, par ces mains que je lave chaque jour, par ces cheveux…
Marius Ivaškevičius (Lituanie)
Marius Ivaškevičius, dramaturge, scénariste et écrivain lituanien, est né en 1973 à Molėtai. En 1991, il entre à la faculté de philologie de l’Université de Vilnius pour étudier la langue et la littérature lituaniennes et obtient sa maîtrise en 1997. Auteur de nouvelles et de romans, il écrit pour le théâtre Le Voisin, mis en scène au Théâtre de la Jeunesse à Vilnius en 2000 et publié en France aux Presses Universitaires de Caen, Le Petit, prix du jeune artiste du Ministère de la culture de Lituanie en 2002, Madagascar, prix de la publication lituanienne de l’année 2004 et prix au festival du théâtre de Riga, Mistras, La Ville d’à côté… Ses pièces ont toutes été mises en scène en Lituanie et pour certaines à l’étranger et sont traduites dans de nombreuses langues – anglais, français, polonais, finnois, letton, russe, slovène, italien, allemand. En mars 2012 « Les croix de la scène » décerne le prix de la meilleure mise en scène à sa pièce sur l’exil. Scénariste de courts et longs métrages – La Fumée pourpre, prix Eureka Audiovisual au Trans-Euro-Script d’Istanbul –, il est aussi réalisateur de documentaires. Il vit à Vilnius.
La Ville d’à côté – 2005
Traduit du lituanien par Akvilé Melkūnaitė
avec le soutien de la Maison Antoine Vitez (2011)
Il est beau de rêver. Il est peut-être même sain de rêver. C’est bon pour la circulation du sang. Mais vient un âge où rêver devient dangereux, et quiconque n’a pas appris à faire cohabiter ses rêves et la réalité risque d’avoir de gros problèmes.
Préface de Marius Ivaškevičius
Anika Svantensson, mère de famille nombreuse et femme au foyer, a une phobie : la peur que ses jambes ne se collent ensemble. Elle et son mari, Svante, vivent à Malmö. Chaque week-end, Svante prend le bateau de Malmö pour Copenhague. Désireuse de comprendre ce qu‘il y trouve d‘intéressant, Anika décide de s’y rendre, maintenant qu’un pont relie les deux villes. Elle prend donc le train pour regarder les feux de sa propre ville de “l’autre rive”. Pendant le trajet, elle fait la connaissance de Birgit, suédoise comme elle, qui va à Copenhague se “distraire”. Elle y fait du tourisme sexuel. Elle propose à Anika de l’initier et lui fait rencontrer Lars, jeune prostitué qu’Anika prend l’habitude de visiter.
Le jour de leur quinzième anniversaire de mariage, Svante se doute de quelque chose : Anika a oublié leur fête. Il en accuse ses visites à Copenhague et assure qu‘il ne supportera pas “qu‘une ville étrangère s‘immisce dans leur vie et leur bonheur”…
Par intermittence entre ces courtes scènes apparaît Karlsson, personnage à hélice du conte d‘Astrid Lindgren. Assis dans le port de Malmö, il tente par de poignantes remarques sur lui, la vie, le couple, les rapports entre l‘homme et la femme, de distraire la Sirène, nue et dégoulinante, piégée dans les mailles d’un filet de pêche.
Magali Mougel enseigne à l’Université de Strasbourg et anime régulièrement des ateliers d’écriture en milieu rural et en milieu carcéral. Elle est auteure-associée à la Compagnie Actémobazar (Strasbourg), à la Compagnie des Choses (Lille) et à la structure Troisième bureau (Grenoble) dédiée aux écritures contemporaines. Elle a écrit plus d’une dizaine de textes pour le théâtre dont plusieurs ont fait l’objet de mises en scène. Avec son diptyque Varvara essai 1 et Waterlily essai 2 (Editions L’Act Mem, 2007) elle est lauréate des Journées de Lyon des auteurs de théâtre en 2007. Avec sa pièce Erwin Motor / Dévotion (Editions Espaces 34, 2012) traduite en allemand par Frank Weigand et en espagnol (Mexique) par Humberto Perez Mortera, elle reçoit une bourse d’Aide à la Création du Centre national du Théâtre en 2011.
Nis-Momme Stockmann (Allemagne)
Nis-Momme Stockmann est né en 1981 à Wyk sur l’île de Föhr. Sa famille appartient à la minorité de langue danoise du Schleswig-Holstein. Il étudie les « Langue et Civilisation du Tibet » à Hambourg, puis la « Médiologie » à Odense au Danemark, suit une formation de cuisinier avant de se consacrer à l’écriture théâtrale à l’Universität der Künste de Berlin. Depuis 2002 il travaille comme artiste indépendant dans les domaines de l’écriture, la photographie, la peinture, le cinéma. Il a remporté en 2005 le premier prix du Festival international de cinéma à Odense pour son court-métrage Ignorans. Lors du Marché aux Pièces 2009 de Heidelberg, il reçoit le Premier prix et le Prix du public pour la pièce Das blaue blaue Meer. Il écrit pour le Staatstheater de Stuttgart la pièce Kein Schiff wird kommen (Aucun bateau ne viendra), présentée en 2010 dans le programme parallèle des Rencontres Théâtrales. La pièce est invitée aux Journées théâtrales de Mülheim. La même année est créée Das blaue blaue Meer au Deutsches Theater à Berlin et la revue Theater heute le nomme “Auteur de l’année” 2010. En 2011, il reçoit le prix Friedrich Hebbel. Depuis 2009, Nis-Momme Stockmann est auteur en résidence au Schauspiel de Francfort.
Si bleue, si bleue, la mer (2005)
Traduit de l’allemand par Nils Haarmann et Olivier Martinaud (2010)
Le texte a reçu l’aide à la création du Centre national du Théâtre
Darko grandit dans un quartier où les gens n’ont pas de travail, peu d’éducation, et encore moins d’espoir. Ils passent leur temps à picoler, s’agresser ou bien à se jeter par les fenêtres. Le suicide ici est plutôt une question de vitesse : mettront-ils des mois, des années ou seulement quelques minutes à franchir le pas ? C’est une vision de l’Allemagne – et Darko a bien conscience qu’un monde comme cela, normalement, ça ne devrait pas exister. Dans ce paysage en béton, aucune place pour les étoiles dans le ciel. Pas d’étoiles. À moins que ce ne soit un effet de l’alcool. Jusqu’au jour où Motte arrive, belle comme un morceau de ciel, même si sa peau est marquée de cicatrices. Avec elle, tout va changer. Et, à la différence de Darko, Motte a un projet : mettre de l’ordre, pour une fois mettre tout en ordre et partir d’ici, très loin, là où la mer est si bleue.
L’Homme qui mangea le monde (2005)
Traduit de l’allemand par Nils Haarmann et Olivier Martinaud (2010)
Un homme habitué au succès découvre au milieu de sa vie la brutalité du destin. Lui qui mangeait le monde se fait à présent dévorer par lui. Licenciement, difficulté d’être père, séparation de la famille, incapacité à faire face à la maladie et au vieillissement de son père, alcoolisme…
Auteure et comédienne, Laura Tirandaz, née en 1982, intègre la classe professionnelle du Conservatoire de Grenoble dirigée par Philippe Sire et joue sous la direction de Chantal Morel, Laurent Pelly et Jacques Vincey à la MC2. En 2007, elle écrit et met en scène son premier texte Variation I : Le Fils et joue sous la direction de Natacha Dubois puis de Fabien Palin. Diplômée du département Écriture dramatique de l’ENSATT dirigé par Enzo Cormann, elle est auteure invitée par le festival On n’arrive pas les mains vides à Villard Reculas. En 2012, elle réalise un documentaire sonore Phonurbaine avec le soutien du collectif Le Tricycle et participe à la conception d’une émission sur Arthur Adamov pour France Culture. Dans le cadre du festival Autour du Théâtre Contemporain de Nancy, elle répond à une commande d’écriture sur la thématique du Pouvoir. Sa pièce Choco Bé a reçu l’Aide à la création du Centre national du Théâtre en 2011 et a été sélectionnée par le comité Textes en paroles des écritures des Caraïbes. Enregistré pour France Culture, le texte est édité en avril 2012 en Tapuscrit chez Théâtre Ouvert. Auteure associée à Troisième bureau elle a mené d’octobre 2011 à mars 2012 un atelier d’écriture avec un groupe de femmes du quartier des Essarts à Echirolles.
Choco Bé (2010)
C’est la balle qui attend après la pluie. Chaque année à cette période ça me lance, je crois qu’elle rouille, cette balle, elle me gratte toujours avant la saison des pluies. Et dès qu’il y a la pluie, ça se calme. Quand se décidera-t-elle à tomber dans ce pays ? Quand est-ce qu’il pleuvra enfin qu’on en finisse ?
Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane française, se prépare à faire la fête pour l’élection de la miss locale. La nuit va être chaude, humide et étouffante. Ewa et Choco, et leurs deux jeunes enfants vivent de peu. Lui répare les moteurs et trafique un peu, pour vivre. L’argent manque et les disputes sont fréquentes. Mais ce soir-là, une vieille et sale histoire de compte mal réglé refait surface. Alors Choco retourne au quartier chinois, quartier de son enfance où Moa, sa mère, se prostituait…