→Regards croisés 2007/2008
LES MURS. RASONS LES MURS
“La tentation du mur n’est pas nouvelle. Chaque fois qu’une culture ou qu’une civilisation n’a pas réussi à penser l’autre, à se penser avec l’autre, à penser l’autre en soi, ces raides préservations de pierres, de fer, de barbelés, de grillages électrifiés, ou d’idéologies closes, se sont élevées, effondrées, et nous reviennent encore avec de nouvelles stridences. […] Les murs qui se construisent aujourd’hui (au prétexte de terrorisme, d’immigration sauvage ou de dieu préférable) ne se dressent pas entre des civilisations, des cultures, ou des identités, mais entre des pauvretés et des surabondances, des ivresses opulentes mais inquiètes et des asphyxies sèches. […] Les murs menacent tout le monde de l’un et de l’autre côté de leur obscurité. Ils achèvent de tarir ce qui s’est desséché sur ce versant du dénuement, ils achèvent d’aigrir ce qui s’est angoissé sur l’autre versant de l’abondance. La relation à l’autre nous indique la part la plus haute, la plus honorable, la plus enrichissante de nous-mêmes. Que tombent les murs.”
Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau
Le programme : lundi 26
→ Les lectures de la saison 2007/2008
Lundi 10 décembre 2007
Berlin, 9 novembre de Pierre Bourgeade
L’Avant-Scène Théâtre, 2002
Lundi 14 janvier 2008
Sous un ciel de Chamaille de Daniel Danis
L’Arche Éditeur, 2007
Lundi 11 février 2008
Beyrouth Blues de Israël Horovitz
Adaptation Nathalie Gouillon
Lundi 10 mars 2008
Copito ou les derniers mots de Flocon de Neige, le singe blanc du zoo de Barcelone de Juan Mayorga
Traduction Yves Lebeau Éditions Les Solitaires Intempestifs, 2008
→ l’atelier d’écriture
Avec le soutien de la Drac Rhône-Alpes, de la Région Rhône-Alpes, du Conseil général de l’Isère, des Services pénitentiaires d’insertion et de probation Centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier / Isère / mars > mai 2008 L’atelier d’écriture comme pratique inventive et collective, comme approfondissement de son rapport à langue et au dire. Décomplexer l’accès au livre, présenter la littérature comme ayant plus de lien avec soi qu’on voulait le croire, comme une matière vivante et non muséale, aiguiser l’intérêt à s’y plonger et replonger, savoir s’orienter dans ses lectures, rendre une part du monde à ceux qui pouvaient en être privés. L’écriture du chœur théâtral La thématique du festival Regards Croisés 2008 est consacrée aux Murs. L’ensemble des propositions textuelles qui traverseront le festival – interrogations sur les frontières qu’elles soient physiques, mentales, géographiques, politiques, sociologiques –, et sur les moyens de les dépasser, nous interpelle d’avance quant à la condition particulière de l’individu incarcéré et aux possibilités de paroles issues de la prison. Les participants à l’atelier sont là pour écrire, pour exprimer leur singularité, singularité qui excède et dépasse largement leur condition circonstancielle de détenus. Comment un dialogue différé avec le festival peut-il se mettre en place ? Nous ne fixons pas un thème aux participants qui prédéfinirait les écritures mais la proposition d’une réflexion en pratique autour d’une forme. Le texte théâtral en l’occurrence, le texte ayant vocation à être dit à haute voix, à être adressé à autrui, et plus précisément le travail autour du chœur. Comment des paroles singulières peuvent-elles s’agencer pour composer une parole toujours multiple certes mais néanmoins commune ? Comment le théâtre devient à partir d’un geste personnel un horizon commun ?
Samuel Gallet